Proyecto Minero Pascua Lama

Le Devoir, 5 de febrero de 2009

Barrick Gold en Lista Negra

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Guy Taillefer

Noruega ha dado al mundo una maravillosa lección de responsabilidad ética al poner en lista negra a la minera canadiense Barrick Gold, con sede en Toronto. Después de investigar la mina Porgera en Papua Nueva Guinea, el Gobierno noruego decidió excluir Barrick Gold, primera empresa aurífera a nivel mundial, de su fondo estatal de inversión, reprochando en términos suficientemente claros a la minera de llevar a cabo actividades "que implican un riesgo inaceptable de grandes e irreversibles daños al medio ambiente."

Este fondo soberano - de un valor aproximado de 300 millones de dólares, que lo hace uno de los mayores inversores internacionales - constituyen el ahorro de los cinco millones de ciudadanos noruegos. Se invierte ahí, para las generaciones futuras, el superávit de la explotación en el Mar del Norte del petróleo y del gas natural de los que el país es gran exportador. Tiene un consejo de ética cuyas investigaciones han llevado hasta ahora al gobierno a vender acciones que poseía en 27 empresas, incluidas nueve fabricantes de bombas de racimo (la norteamericana Textron es la última en ser golpeada). Los vínculos se rompen también con empresas condenadas por violaciónes de los derechos humanos y derechos de los trabajadores.

El valor de las acciones de Barrick que tenía el Estado noruego era de aproximadamente 200 millones de dólares. Las razones presentadas por el consejo de ética para el descarte son fustigantes: se manifestó particularmente preocupado por "la acumulación de metales pesados, especialmente mercurio, en el medio ambiente". La contaminación emitida en Porgera "puede tener graves consecuencias negativas sobre la vida y la salud". El consejo crítica "la falta de apertura y transparencia de las empresas en materia de evaluación ambiental" y dijo tener "todos los motivos para creer" que Barrick no va a cambiar nada en sus prácticas. Afirma que, debido a falta de recursos, limitó su investigación a Porgera, pero insistió en que Barrick, que tiene 27 minas en el mundo, ha sido criticada en varios países por su falta de preocupación por el desarrollo sostenible.

Es más. La ONG MiningWatch Canadá tiene mucho que decir sobre esto. Barrick es la empresa que demanda por seis millones a los autores del ensayo quebequense titulado Canadá Negro, un libro que critica fuertemente la conducta de las mineras canadienses en África. A los cargos bien documentados que le hace el Gobierno noruego, Barrick ha respondido con su impenitencia habitual.

El problema es que la política de Oslo es un ejemplo de ética. En otros países, incluyendo Canadá donde tienen sede un gran número de direcciones de las empresas mineras, la tendencia grave entre nuestros gobiernos no es ni la coacción ni el castigo, es la aprobación provisional de tímidos principios no vinculantes. Y, por tanto, ineficaces. El mundo sería mejor si se diera el trabajo de ser un poco más noruego.


Le Devoir, 5 de febrero de 2009

Barrick Gold - Liste noire

Guy Taillefer

La Norvège vient de donner au monde une belle leçon de responsabilité éthique en plaçant sur liste noire la minière canadienne Barrick Gold, basée à Toronto. Après enquête à la mine de Porgera, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le gouvernement norvégien a décidé d'exclure Barrick, première compagnie aurifère à l'échelle mondiale, de son fonds d'investissement d'État, reprochant en termes on ne peut plus clairs à la minière d'y mener des activités «qui comportent un risque inacceptable de dommages majeurs et irréversibles à l'environnement».

Ce fonds souverain -- d'une valeur d'environ 300 milliards $US, ce qui en fait l'un des plus importants investisseurs internationaux -- constitue le bas de laine des cinq millions de citoyens norvégiens. Y sont investis, à l'intention des génération futures, les surplus de l'exploitation en mer du Nord du pétrole et du gaz naturel dont le pays est grand exportateur. Il est doté d'un conseil d'éthique dont les enquêtes ont, à ce jour, conduit le gouvernement à vendre les actions qu'il possédait dans 27 entreprises étrangères, dont neuf fabricants de bombes à sous-munitions (l'américaine Textron est la dernière à avoir écopé). Les liens ont également été rompus avec des compagnies trouvées coupables d'atteintes aux droits humains et aux droits des travailleurs.

La valeur des actions de Barrick que possédait l'État norvégien était d'environ 200 millions $US. Les motifs présentés par le conseil d'éthique pour s'en défaire sont cinglants: il se dit particulièrement préoccupé par «l'accumulation de métal lourd, surtout le mercure, dans l'environnement». La pollution émise à Porgera «aura potentiellement des conséquences négatives graves sur la vie humaine et la santé». Le conseil critique «le manque d'ouverture et de transparence de l'entreprise en matière d'évaluation environnementale» et dit avoir «toutes les raisons de croire» que Barrick ne changera rien à ses pratiques. Il indique avoir dû, faute de moyens, limiter son enquête à Porgera, mais souligne que Barrick, qui a 27 mines en opération dans le monde, a fait l'objet de critiques dans plusieurs pays pour son peu de souci pour le développement durable.

En effet. L'ONG MiningWatch Canada a beaucoup à dire à ce sujet. Barrick, c'est aussi l'entreprise qui poursuit pour six millions les auteurs de l'essai québécois intitulé Noir Canada, un ouvrage qui dénonce vertement le comportement des minières canadiennes en Afrique. Aux reproches bien documentés que vient de lui faire le gouvernement norvégien, Barrick a réagi avec son impénitence habituelle.

Le problème, c'est que la politique d'Oslo fait figure de cas d'espèce en matière éthique. Partout ailleurs, y compris au Canada où siègent un grand nombre de directions de compagnies minières, la tendance lourde chez nos gouvernements n'est ni à la coercition ni à la punition, elle est à l'adoption de timides principes non contraignants. Et donc inefficaces. Le monde se porterait mieux s'il se donnait la peine d'être un peu plus norvégien.

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